Humeurs | Un jour ... j'aurais une relation décomplexée avec l'argent.
Par Ditwan septembre 18, 2016 ArchivesUne phrase dit que l'argent ne fait pas le bonheur. C'est vrai. Mais je me rends compte depuis quelques temps qu'il faudrait...
Une phrase dit que l'argent ne fait pas le bonheur. C'est vrai. Mais je me rends compte depuis quelques temps qu'il faudrait ajouter derrière " mais il y contribue ".
J'ai toujours eu une relation compliquée avec l'argent. Une sorte d'ambivalence mal assumée entre mes désirs profonds, où l'argent sert d'accélérateur pour réaliser ses rêves, ouvrir des portes, et vivre un quotidien confortable et la face publique qui est d'accord avec l'opinion publique, scandant que l'argent c'est le mal et que tout ceux qui en ont un peu trop sont suspects.
L'argent c'est sale, c'est honteux, c'est culpabilisant. A croire que tu le gagnes toujours en piétinant les autres, en reniant tes valeurs et en trempant dans des magouilles pas très claires. En gros, tu ne peux pas être quelqu'un de bien si tu souhaites t'enrichir et quand tu te rends comptes, finalement, que tu as des aspirations matérielles plus élevées que ce que tu avais envisagé. Faut dire que le contexte n'aide pas. C'est la crise mes bons amis, alors si tu as trois sous dans ton cabas, tu devrais déjà être bien content. Et tant pis si au fond de toi tu rêves d'une belle voiture ou d'une maison de campagne, ou tout simplement de te payer des vêtements qui dépassent les dix euros le t-shirt.
Après tout, de quoi tu te plains, tu as un toit sur ta tête, tu manges à ta faim (voir un peu trop), tu peux payer le médecin et même aller au cinéma ... Certes. N'ayant jamais connu l'aisance financière depuis que je suis dans la vie active, je me suis souvent rangée de ce côté là de la barrière. Quand on n'a pas d'argent, autant dire que c'est par conviction et par idéal, ça évite de penser à la honte qu'on se trimbale de ne pas pouvoir faire tout ce qu'on veut, de devoir refuser régulièrement des petits plaisirs à son conjoint, ne pas pouvoir gâter sa famille comme on le voudrait, de soupeser chaque sous avant de prendre une décision ... et le plus souvent y renoncer. A force de lutter quotidiennement contre l’adversité, la lutte, et la « pauvreté » qui va avec, finissent par devenir un mode de vie, un mode de pensée, une identité à laquelle on s’accroche faute de mieux …
J'en sais quelque chose. Je me suis souvent dis que sur ce point là , comme sur celui de la santé, je n'ai pas vraiment tirer les bonnes cartes à ma naissance.
Je sais bien que le manque d'argent n'est pas un crime et que la richesse n'a rien d'une vertu, mais je sature de cette situation.
J'en ai marre de penser qu'avoir de l'argent est un crime dont on est forcément coupable. Parce qu'au fond ma seule motivation à gagner plus d'argent, c'est de pouvoir enfn entrevoir un avenir plus serein, car il reste bien le nerf de la guerre. Pour ceux qui n'ont jamais eu à compter, je peux vous assurer que c'est épuisant, cette boule au ventre quand on regarde les comptes, en espérant qu'ils ne soient pas trop dans le rouge à la fin du mois, cette appréhension à la caisse du supermarché, quand on essaie d'évaluer le prix de son caddy et le nombre de repas qu'on va pouvoir en tirer, savoir que même lorsqu'on se sert la ceinture et qu'on mensualise tous les mois, la moindre petite dépense imprévu met en péril l'équilibre précaire sur lequel vous vivez ...
L'argent c'est la liberté. La liberté de se faire plaisir et de vivre des tas de choses sans penser sans cesse à son découvert autorisé, sans avoir peur de l’huissier, sans craindre la prochaine tuile ... On est libre sans argent, c'est vrai. En théorie, ce pays merveilleux où on n'a jamais de problèmes. Oui, on est libre de partir en vacances, mais finalement on ne le fait pas, On est libre de faire des sorties, mais on ne le fait pas. On est libre de rénover sa maison, mais on ne le fait pas... je peux continuer inlassablement comme ça.
Et plus j'y penses, moins je dors. Plus j'y réfléchis, plus je me dis que je pourrais citer bien plus de raisons en faveur de l'argent que l'inverse. Et d'un coup, l'univers des possibles semblent infini.
On peut choyer ses proches. Oui, oui. Les gâter, les dorloter. Leur offrir ce qui les fait rêver. Non pas faire la charité mais au moins des cadeaux à la mesure de l'affection que vous leur portez. Souvent j'imagine un présent dans ma tête, en me disant qu'il sera parfait pour telle ou telle personne, et la dure réalité du marché me ramène à des choix bien plus restreints. Oh oui, que j'aimerais pouvoir payer un restaurant à mes parents, partir en week end thalasso avec ma mère, ou offrir à mon homme le gps pour vtt dont il rêve. Voir mes proches ravis, c'est le plus beau cadeaux quoi soit. Bien sûr l’argent n’achète pas tout, mais offrir un beau cadeau, inviter ses proches en vacances ou pour une sortie, ça les rend heureux, et ça nous rend heureux...Dans le même ordre d'idées, il n'y a pas que mes proches qui méritent d'être tiré vers le haut. Le monde aussi. On ne peut pas aider le monde entier, c'est vrai, mais l'argent permet de soutenir nos combats et les causes qui nous sont chères bien plus efficacement que la pauvreté. On peut parrainer un enfant, soutenir le financement d'une bonne oeuvre, planter des arbres en Amazonie, sauver les baleines ..
L'argent, au final, prend la couleur qu'on veut bien lui donner. Gagner de l'argent ne serait donc pas synonyme de beuverie à St Tropez et exhibition de liasses de billets sur son yatch au Monténégro. On pourrait tout aussi bien être les pionniers d'un business novateur ou sauver la population d'abeille de sa région. Etre un réalisateur de rêves. Un vivier à opportunités. Finalement, on peut bien rêver d'argent sans être cupide, radin et déconnecté des problèmes du monde. J'ai donc décidé de laver l'idée que je me faisais de l'argent, de le libérer de mes culpabilités, d'ignorer mes croyances à son sujet, de ne plus laisser les perceptions que je me faisais de lui jouer en ma défaveur, pour tout simplement le considérer comme un outil. Un outil me permettant d’améliorer mon quotidien et celui de mes proches, de changer la face du monde à hauteur de mes désirs ...